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Saints d'Auvergne - Salers (ville et race bovine) - Sanflorain (contrée) - Saugain (Pays) - s + c, ch, f, p, t - soldats d'Auvergne - Souvigny - syllabes ouvertes et syllabes fermées
SAINTS D'AUVERGNE, première esquisse d'une vaste question
L'examen de cette soixantaine de noms montre que:
On peut donc en conclure que le christianisme s'implanta réellement à Clermont et dans l'aristocratie des environs entre le IV° et le VII° siècle, la sanctification de personnages souvent mal attestés exprimant un besoin de légitimation par la collation du plus haut grade humain de la nouvelle Eglise, la sainteté. Les deux évêques sanctifiés du IX° siècle doivent correspondre à une période de rétablissement de l'Eglise dans un contexte de troubles graves. L'aire privilégiée de relations de l'ancienne Arvernie subsiste pour l'essentiel, décalée cependant vers le Nord-Est. Le montre aussi la vie d'un des saints auvergnats les plus célèbres, Grégoire de Tours (VI° siècle). En accord avec l'esprit du temps, il y a peu de saintes: Solange, berrichonne, deviendra populaire en Bourbonnais; d'autres (Procule, Elidie) sont des plus suspectes (voir ci-après). Dans l'aire ethnique de l'Auvergne d'alors, les contrées bordières ont leurs propres saints : Géraud à Aurillac, Marien en Combraille, Pardoux et Silvain en Marche, Mayeul en Bourbonnais, Chafre (Théodefred) en Velay. Les lieux reculés de l'Auvergne étroite ont aussi leurs ermites sanctifiés: Ménelée et Bracchion en Combraille nord - orientale. Parmi les saints de cette époque, plus d'un peut être soupçonné d'être un personnage fictif couvrant la christianisation d'un culte païen: Victorin au Puy-de-Dôme, Mary et Mazirand / Magerand dont la légende contient un épisode de marteau lancé au loin qui évoque le dieu gaulois Sucellos, la vierge Elidie, victime d'un seigneur lubrique reprenant un vieux thème mythique, Procule dont la légende rappelle la reine de Saba et la reine Pédauque. Après le X° siècle, les saints deviennent très rares. Ce sont de grands personnages (Odilon au XI° siècle) ou des martyrs (Mary au XVI° siècle), quoique certains de ces derniers comme les PP. Jacques Salez et Guillaume Sautemouche, martyrisés par les Protestants en Ardèche au XVI° siècle, n'aient pas été élevés à la sainteté. Dans les églises, en dehors de la Vierge, personnage principal du culte populaire chrétien, on peut faire beaucoup de constatations intéressantes grâce à la richesse du mobilier et de la statuaire populaire. Les saints protecteurs de la santé (Roch), du bétail (Blaise), de la vigne (Verny, Urbain, Georges plus que Vincent), des labours (Isidore) tiennent une grande place. Il y a des saints très locaux, objets d'une grande vénération populaire comme la bergère Marcelle à Chauriat. Les cultes récents ont une place notable: Jeanne d'Arc (surtout en Bourbonnais), le Curé d'Ars... La toponymie auvergnate accorde une grande place aux saints: selon les départements, 22 à 30 % des chefs-lieux communaux portent leur nom. La forte originalité linguistique de l'Auvergne se traduit par l'arvernisation de plusieurs noms de saints: Jeures (Georges), Beauzire (Baudile), Diéry (Désir / Didier), Fargeot / Fargeol (Ferréol)... Il peut aussi y avoir des "faux saints", certains toponymes ne ressemblant à rien de reconnaissable, surtout dans les "campagnes profondes" de l'Ouest auvergnat. La question du rayonnement des saints auvergnats hors d'Auvergne et de la pénétration d'autres cultes régionaux est trop vaste pour être traitée en détail ici. On suit certains cheminements: les Poitevins Hilaire, Arthème, Radegonde par la bordure nord du Massif Central. La grande masse des saints toponymiques auvergnats vient du Centre-Est (Médioromanie orientale, axe de la Saône et du Rhône) entre Vienne et Auxerre. La Bourgogne a beaucoup fourni en accord avec l'importance de relations privilégiées pendant tout le moyen âge, le Berry un peu moins malgré l'appartenance de l'Auvergne à l'archidiocèse de Bourges, le Limousin et la France du Nord peu. Quelques méridionaux aquitano - catalans (Cernin / Saturnin, Eulalie, Urcize, Sigolène) ont pénétré au Sud-Ouest surtout, isolément ailleurs. Des hagionymes (toponymes d'après des saints) existent dans les noms d'écarts. Certains sont peu banals (Argier, Corre, Dost, Gérier, Gobin, Mayard, Rondin, Vallière (03), Bard, Don, Yvoix, Ste Singe (63), Douly, Meyras, Vosy (43), Rames, Rouffy, Sol (15). Certains sont bien réels (Vosy), d'autres peuvent être des déformations dialectales de noms peu connus, mais souvent ils ne correspondent qu'à des légendes locales de christianisation du paganisme. Dans certains cas (Saint-Droyre, Saint-Ignat), il est prouvé que ce sont des déguisements de noms toponymiques incompris qui n'ont aucun lien avec le christianisme. Bibliographie: Bonnaud P. : Sur la géographie des noms religieux en France, Actes du Symposium de géographie hitorique de Nancy 1984, PUN, Nancy; Idem: Les toponymes religieux en Auvergne, esquisse géohistorique, Bïzà Neirà n° 53, 1987.
Ce petit bourg, un des ensembles architecturaux les plus remarquables du patrimoine auvergnat, apparaît tardivement: il est cité pour la première fois en 1100 (Salernum), cf. E. Amé: Dictionnaire topographique du Cantal. Extrait de la paroisse de Saint-Paul - de- Salers, il bénéficia au moyen âge et jusqu'au XVI° siècle du développement de l'estive bovine et d'une position forte qui y fit transférer (de Saint-Martin - Valmeroux) le chef-lieu du bailliage des Montagnes d'Auvergne. Son rôle dirigeant local fut donc restreint et temporaire. L'émergence tardive du mot fait douter qu'il provienne directement d'une racine pré-latine des hauteurs sal. On peut se demander si ce n'est pas une démarque de la célèbre ville italienne de Salerne (la forme initiale est Salernum), comme il y a des Cordes (= Cordoue), Barcelonne, etc... à peu près à la même époque. Cela montre en tous cas qu'il faut éviter de prononcer (salérss) à la parisienne. La prononciation en auvergnat, langue d'origine, est (shalér). La race bovine de Salers, caractérisée par sa robe acajou et un magnifique cornage, résulte de la sélection développée au XIX° siècle sous l'impulsion de Tissandier d'Escous (statufié à Salers à juste titre). Race à aptitudes multiples (autrefois le travail, lait sur les estives pour la fabrication du fromage de Cantal, système aujourd'hui remplacé par le fromage de laiterie ou de ferme, production bouchère renommée), la Salers, qui se répandit à partir de son berceau du Cantal de l'Ouest vers la Corrèze, le bassin d'Aquitaine, certaines parties de la Basse Auvergne, a souffert de concurrences pendant la phase de production de masse. Actuellement, la recherche de qualité prime à nouveau et requalifie la race comme productrice de viande et de fromage. La crise de l'élevage brouille cependant beaucoup de données, parmi lesquelles il faudrait se préoccuper de la dispersion du troupeau et de la perte de bastion homogène. La crise tend en effet à multiplier les troupeaux hétérogènes, ce qui nuit à la mise en place d'une politique de reproduction - sélection rationnelle et confine parfois les vaches au rôle de "moules à veaux".
Subdivision géographique de l'Auvergne. Si l'on se rappelle qu'une région est une association harmonieuse de complémentarités, le Sanflorain est heureusement constitué: en son coeur la Planèze de Saint-Flour, plateau volcanique fertile dont le seul défaut agricole est l'altitude un peu élevée; autour, des territoires variés dont les ressources étaient combinables: le Cézalier volcanique, le socle de la Margeride et du Chardagueiz (autour de Chaudesaigues), le fossé tectonique du Malzieu, le pays coupé (voir Caribassa) de l'Alagnon. Cette juxtaposition complémentaire s'est constituée au moyen âge lorsque Saint-Flour, active dans l'industrie textile, était une ville importante selon les critères du temps. La bonne articulation territoriale l'a perpétuée, du Luguet (au Nord) au-delà du Malzieu au Sud, de la cellule montagnarde murataise (longtemps assez fermée sur elle-même) à l'Ouest à la ligne de faîte de la Margeride septentrionale à l'Est. Le bailliage de Saint-Flour déborda même sur le bassin de la Rhue par le seuil de Landeyrat, ce qui indique la longue fréquentation d'anciens chemins transversaux au Nord du massif cantalien. La cellule sanfloraine fut donc plus étendue que l'arrondissement de Saint-Flour. Cela est confirmé par le dialecte sanflorain de la langue auvergnate, qui s'étend jusqu'au haut Allier brivadois, langeadois et saugain, rappelant une époque d'échanges "traditionnels" plus amples. Le caractéristiques dominantes de ce beau dialecte - qui manque malheureusement d'illustration littéraire: on ne peut guère citer que le sombre poète Biron-Norib - sont: l'article défini masculin singulier lou, pluriel li / lei, la transformation de -l- intervocalique en -rh- (r raclé) qui a gagné sur -v- dans l'Ouest du Brivadois, la tendance à l'aspiration puis à la chute de s-devant c, ch, f, p, t. Le passé de Saint-Flour est assez glorieux: centre de résistance aux bandes anglo-gasconnes pendant les guerres médiévales, chef-lieu d'un évêché créé en 1317 et qui allait de l'Aurillacois au rebord du plateau de la Chaise-Dieu, elle disputa le titre de capitale de la Haute-Auvergne à Aurillac. Défavorisée longtemps par l'isolement en un pays de relief compact et accidenté, elle devrait pouvoir profiter du passage de l'A 75 pou se relancer.
SAUGAIN (PAYS) Correspondant approximativement au canton de Saugues, il est bien dessiné par la géographie physique: en contrebas du bombement sommital margeridien, perché au-dessus du pays coupé de la Cronce et de la Desges, c'est un amphithéâtre de lourdes bosses entre 1100 et 1500 mètres, encadrant un bassin autour de 1000 mètres, d'où la vallée d'abord évasée de la Seuge s'échappe en gorge vers l'Allier. Le climat est abrité et relativement ensoleillé, ce qui permit autrefois une économie mixte de labours (seigle) et d'élevage (moutons et bovins). Actuellement, les reboisements en conifères se sont beaucoup étendus sur le pourtour et dans le bassin lui-même, où cependant les paysages ouverts se sont mieux conservés. Il est voué à l'élevage bovin mixte (race montbéliarde prédominante, moins nettement depuis la crise bovine). Historiquement, les habitants aiment à rappeler que le Pays Saugain fit partie du territoire des Gabales, de l'évêché de Mende et du Gévaudan avant d'être rattaché à la Haute-Loire lors de la formation des départements. Mais ce rattachement n'a rien eu d'arbitraire. Le dialecte, branche de la variété sanfloraine de l'auvergnat méridional, un peu plus évolutif sous l'influence des innovations bas-auvergnates remontant dans l'axe de l'Allier, montre que cette contrée était incluse depuis longtemps dans une aire auvergnate de relations. D'ailleurs, elle n'a jamais été englobée dans la zone de transhumance méditerranéenne qui a joué un rôle essentiel dans la méridionalisation du Gévaudan tourné originellement vers l'Arvernie; et la pénétration de l'élevage bovin l'opposa précocement à la Margeride centrale et méridionale où le mouton dominait. Selon les périodes, l'orientation vers le Midi (migrations saisonnières rurales d'autrefois, émigration vers Nîmes et Alès, foire aux chevaux de Thoras) contrebalançait un glissement continu de la population vers les Limagnes dont témoignent clairement les registres paroissiaux et d'Etat-Civil du Val d'Allier. Puis Michelin et plus généralement Clermont ont largement recruté les "enfants de Saugues". Actuellement, aucune ville lozérienne ne peut équilibrer l'emprise du Puy, de plus en plus massive, même dans la vie courante et qui de plus joue le rôle de relais de l'émigration en direction de Lyon. La forte personnalité locale du Pays Saugain a trouvé deux incarnations particulièrement remarquables dans le Frère Pierre Nauton, dialectologue éminent (thèse sur Le patois de Saugues, dont la partie vocabulaire a été rééditée par le Cercle Terre d'Auvergne sous le titre de Vocabulaire rural du pays de Saugues; Atlas linguistique du Massif Central, 4 volumes; Géographie phonétique de la Haute-Loire) et dans le peintre, dessinateur et illustrateur Lucien Gires (décédé en janvier 2002) qui a su restituer l'esprit de son pays avec une justesse exaltante. Agriculteur autodidacte, J. B. Meyroneinc a aussi donné plusieurs textes ethnographiques à la revue Bïzà Neirà.
S + C, CH, F, P, T Un des traits phonétiques qui distinguent les divisions dialectales de la langue auvergnate. Comparez les deux séries suivantes: eicartâ, eichalâ, deifoudrinâ, eipessâ, deitialâ et escartâ, eschalâ, desfoudrinâ, espessâ, destiavâ. Dans les mots populaires autochtones, s disparaît devant ces consonnes et après a, o, ou, il se transforme en i après e au Nord d'une ligne approximative Ussel - Monts Dore - Issoire - Auzon - Allègre - Yssingeaux - Tence (auvergnat septentrional) et subsiste en principe au Sud (Auvergne médiane et méridionale). Cependant, des vestiges de s subsistent en Ambertois, tandis qu'en diction courante le s se transforme en une aspiration (h), parfois à peine perceptible, dans le Cantal. Par contre, en Auvergne médiane et en Velay, s est prononcé très distinctement, ainsi que dans les parlers de transition du Nord du Gévaudan (Le Malzieu, Langogne) et de la Montagne vivaroise. Le maintien de -s en fin de mot (ancien -s du pluriel maintenant disparu dans la plupart des cas) a lieu aussi dans ces régions en phonétique syntactique, c-à-d en liaison entre deux mots dans les mêmes conditions de voisinage des consonnes; lis poula (comparer au Nord: la poula), lis fon (la fon), de bonis fïlha (de la bouna fïlha), etc...
SOLDATS et HEROS d'AUVERGNE Même en période d'antimilitarisme quasi - officiel, l'héroïsme au service d'une patrie ("pays des pères" étymologiquement), d'un peuple, d'une civilisation ne devrait pas laisser indifférent. Le courage et l'esprit de sacrifice, la constance face à l'adversité et la fermeté devant la mort élèvent leurs auteurs et les populations dont ils émanent. C'est pourquoi nous présentons un premier échantillonnage, principalement extrait du Grand dictionnaire biographique du Puy-de-Dôme d'Ambroise Tardieu, mais susceptible ultérieurement de compléments étendus. I. Antiquité tardive et haut moyen âge. Au V° siècle, face à l'invasion wisigothique, émergèrent de l'aristocratie arverne un véritable homme d'Etat, diplomate habile et ferme, Sidoine Apollinaire, et son beau-frère Ecdicius qui, avec une poignée d'hommes, fut capable de tenir les envahisseurs en respect. II. Moyen âge. Les guerres contre les Sarrazins exaltèrent le courage de Guérin de Montaigut en Palestine et en Egypte (XIII° siècle), de Mathieu de Clermont en Italie (XIII°), de Guy Dauphin face aux Turcs à Chypre (XIV°). Pierre Amelh (XIV°), archevêque d'Embrun, sut protéger les populations alpines des exactions du temps avec une ténacité intrépide. Beraud III Dauphin d'Auvergne (XV°) fut un combattant infatigable pour la protection et la libération de la France centrale des Anglais pendant la guerre de Cent Ans, tout comme Motier de la Fayette qui, sur des théâtres plus vastes d'opération, multiplia les exploits. III. Epoque moderne. Au XVI° siècle, Antoine Coeffier d'Effiat fut un serviteur du Roi plein d'abnégation dans toutes les missions militaires, politiques, administratives qu'il se vit confier. Il créa aussi un collège à Effiat. Gaspard de Montmorin de Saint-Hérem pourchassa les bandes féroces du baron des Adrets et du capitaine Merle et refusa de faire exécuter la Saint-Barthélemy en Auvergne. Lors du même événement, Antoine de Saint-Nectaire sauva les Protestants du Puy du massacre sans hésiter à les combattre par ailleurs. Madeleine de Saint-Nectaire fut l'héroïne de la cause protestante en Haute-Auvergne et Henri de la Tour, grand capitaine protestant rallié à Henri IV, multiplia les exploits sur les frontières pour le compte de ce Roi. Les prédicateurs catholiques Jacques Salez et Guillaume Sautemouche soutinrent impavidement le martyre des mains des Protestants à Aubenas. Au XVII° siècle, Louis de Marilhac servit glorieusement la France avant de périr, victime d'une intrigue de Richelieu. François III d'Estaing fut un des officiers les plus intrépides des campagnes de Louis XIV. Au XVIII° siècle Jean Peghoux, blessé en mainte bataille, fut tué en défendant Prague en 1742. Jean-Antoine Sablon du Corail n'eut pour salaire de ses héroïques états de service que l'ingratitude de Louis XV à l'instigation de Mme de Pompadour qui le fit devancer par un favori. L'Auvergne, région continentale, donna le jour à des pionniers de la Nouvelle France et à des guerriers qui s'illustrèrent sur mer et aux Indes, tels Nicolas-Aimé de Bonnevie et J. B. C. H . d'Estaing. Le panache de Louis-Charles-Antoine Desaix de Veygoux est tel qu'il a trouvé grâce devant l'histoire centraliste et surmonté la disgrâce d'être auvergnat. Moins connu, Marie-Auguste-Melchior de Matharel fut aussi un soldat sans peur des guerres napoléoniennes. IV. Epoque contemporaine. Pierre-Louis Courby de Cognord fut, entre autres exploits, un héros de Sidi-Brahim (1845). Gabriel-Thaurin Dufresse, missionnaire en Chine, fut martyrisé en 1815. La guerre de 1914-18 a rendu illustre le maréchal Fayolle qui, général retraité, reprit du service et fut de toutes les grandes batailles. Mais des régiments entiers ont enduré des sacrifices inouïs. Les monuments aux morts d'Auvergne (nous en avons relevé à l'heure qu'il est - fin 2001 - plus de 600) montrent des pertes atteignant dans la majeure partie des communes 3,5 à 4,5 % de la population totale de 1911, dernier recensement précédant la guerre et allant de 2 % à 7 % . Ces chiffres peuvent sembler modestes à première vue, mais ils représentent 30 à 40 % des hommes en âge d'avoir des enfants: on comprend dès lors que la "grande guerre" ait entraîné un décrochage irrémédiable de la population de la plupart de nos communes rurales. Lorsque les monuments aux morts portent la classe ou l'âge des tués, ce dernier va de 19 ans à plus de 40. Lorsque les liens de parenté des homonymes peuvent être établis, on s'aperçoit que 2 à 3 fils d'une même famille ont pu être tués, parfois 2 la même année. Le "massacre des pantalons rouges" (1914) fut en général le plus meurtrier. L'importance des années 1915 et 1916 varie selon les lieux, c-à-d l'affectation des régiments à telle ou telle partie du front, à telle ou telle époque. 1917 est pratiquement toujours l'année la moins meurtrière. Par contre, les "offensives pour la paix" de 1918 tuèrent beaucoup de monde. Il est dommage que les monuments de 1870 soient si rares, car les pertes furent moins négligeables qu'on le croit, et que les autres n'aient pas tous été mis à jour des morts de la seconde guerre mondiale: quelques exemples montrent qu'ils furent assez nombreux, donc qu'il y eut de véritables combats et que des actes d'héroïsme ont probablement été occultés par la honte ressentie envers la "drôle de guerre". Les morts de la Résistance sont heureusement mieux répertoriés. Si les combats mémorables furent rares (tels ceux du Mont Mouchet en Margeride) les conditions de ce combat, extrêmement périlleuses, engendrèrent des actes d'une abnégation et d'un courage exceptionnels.
1. Bourg monumental (prieuré, église Saint-Pierre-et-Saint-Paul) d'une très grande importance identitaire: c'est le Saint-Denis de la France centrale, choisi par les ducs de Bourbon pour abriter leur tombeau. Or, la principauté bourbonnaise (Bourbonnais) a été, depuis Vercingétorix, la seule tentative politique de prendre en compte l'originalité de la France centrale en un projet cohérent, s'étendant au "grand Bourbonnais" (bien plus vaste que le département de l'Allier), à l'Auvergne, à la Marche, au Forez et au Beaujolais, voire au-delà à la Dombes. La reconnaissance de Souvigny comme "grand site", la présence d'un remarquable musée ethnographique laissent espérer la mise en valeur de ce lieu exceptionnel, où renaît par ailleurs la vie monastique qui fit son rayonnement. 2. Le Groupe de Souvigny est une association bénévole et indépendante de chercheurs réunis pour mettre en évidence les spécificités de l'aire médioromane de la France médiane dans tous les domaines "passés, présents et à venir" des sciences humaines. Il organise des Rencontres médioromanes tous les deux ans, en publie les Actes et tient des réunions régulières de travail et de mise au point. Il dispose déjà d'une riche série de notes de recherche (actuellement inédites), consacrées à l'étude d'une grande variété de problèmes. Son siège est à l'hôtel de ville de Souvigny.
SYLLABES OUVERTES, SYLLABES FERMEES Un e syllabe ouverte comprend: une voyelle seule; une diphtongue seule; une consonne + une voyelle (CV, cas le plus fréquent) ou une diphtongue. Une syllabe fermée se termine par une consonne. Comparer: bas - tà ! (qu'importe !). L'auvergnat septentrional n'a en principe que des syllabes ouvertes. Au Sud, la consonne fermant la syllabe se maintient dans certaines conditions bien déterminées (voir s + c, ch, f, p, t et Consonnes finales) mais les syllabes ouvertes prédominent néanmoins très largement. Cependant, en diction rapide ou négligée, la voyelle (e) devient muette et des syllabes fermées (non enregistrées par l'écriture qui garde la distinction des mots) se rétablissent en fait. Ce phénomène produit aussi des collisions de consonnes séparées en principe par des voyelles qui restent audibles en diction soignée: pe-tït [ptï]; le garsou [lgorsou]; netrà [ntro]. Cette prédominance exclusive ou massive des syllabes ouvertes rend impraticable une écriture étymologique de type français ou occitan qui obligerait à un effort monstrueux et aléatoire pour apprendre quelles consonnes non prononcées il conviendrait d'écrire. L'écriture auvergnate (EA) prend en compte cette caractéristique fondamentale de l'auvergnat et allège considérablement l'effort à fournir pour maîtriser l'écrit. Comparer l'auvergnat eipanlà, bro à l'occitan espatla, braç. |
A - B - C - D - E - F - G - H - I - J - K - L - M - N - O - P - Q - R - S - T - U - V - W - X - Y - Z |
CERCLE TERRE D'AUVERGNE - LANGUES ET
CIVILISATIONS AUVERGNATES
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