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Bechot - Berry et Bituriges - Bigay (Alexandre) - Bïzà Neirà - bocage - Boïens - Bonnet (Louis) - Bouillet (Jean-Baptiste) - Bourbonnais - Bourgogne - bovins - Brivadois - Brun (Emile)
BECHOT "L'AVOCAT" Ecrivain secondaire en langue auvergnate du XVII° siècle, intéressant pour deux raisons : 1) sociologique : représentant de la bourgeoisie clermontoise "éclairée" hostile aux Jésuites; 2) auteur de deux pièces versifiées , Le Compliment du Sauvage et la Réponse de la Nymphe, qui traitent d'une question longtemps mal résolue, l'approvisionnement en eau de la ville de Clermont. Textes réédités, traduits et commentés dans Bïzà Neirà n° 110, 2001 - 2.
BERRY - BITURIGES 1. Bituriges signifie "rois du monde". Il est tentant de rapprocher cette signification de celle des peuples voisins : Carnutes au Nord, siège du collège des Druides symbole de l'unité des Celtes de Gaule; Arvernes au Sud qui furent le peuple guerrier le plus puissant de la Gaule protohistorique et l'avaient dominée au moins partiellement par l'intermédiaire de la Confédération arverne. Les Bituriges avaient été leurs alliés avant de passer sous la coupe des Eduens. Cette "verticale tripartite" (Carnutes : direction religieuse; Bituriges : dépositaires de la royauté sacrée primitive; Arvernes : puissance guerrière) évoque irrésistiblement la "tripartition fonctionnelle indo-européenne" de J. Dumézil transposée territorialement dans la nouvelle patrie gauloise des Celtes originellement centre-européens. 2. Le territoire de la "cité" biturige comprenait le Cher, l'Indre et l'Ouest de l'Allier actuels (v. Bourbonnais). Il avait peut-être été amputé d'une bordure orientale mal localisée par les Eduens au profit de leurs clients Boïens. Il fut inclus avec l'Auvergne et la plus grande partie du Massif Central dans l'Aquitaine première dont le chef-lieu était Bourges. Après la chute de l'Empire romain, cette grande province devint l'archidiocèse de Bourges dont l'Auvergne fit partie jusqu'aux suites du Concile Vatican II, qui rompirent cette union bimillénaire et démembrèrent l'Auvergne entre plusieurs archevêchés. 3. Auvergne et Berry connurent donc la même romanisation au sein de l'Aquitaine I. Les vestiges onomastiques et lexicographiques surnageant à la francisation montrent une communauté linguistique incomplète entre l'Auvergne, le Limousin et le Berry. Le berrichon était d'ailleurs plus proche du limousin que de l'auvergnat (cf par exemple les chuintements) : or, il y a concordance avec le réseau de grands chemins antiques NE - SO (d'origine celtique) et d'autres faits comme la propagation du culte des Saints : cf. Mgr. Villepelet : Sur les traces des Saints en Berry, Bourges 1968. Cette communauté explique plusieurs tentatives haut-médiévales pour restaurer une unité arverno-berrichonne face aux Francs (V. Manry A-G. : Histoire d'Auvergne, Clermont 1965). Une toponymie de type arverno-limousin occupe presque la moitié sud de l'Indre et une partie moindre du Cher. L'influence de Bourges reste très notable dans l'Ouest de l'Allier et le Nord-Est de la Creuse. 4. Actuellement l'A 71 réunit à nouveau le Berry et l'Auvergne par un instrument puissant qui pourrait devenir efficace. Le Groupe de Souvigny oeuvre à faire reconnaître l'importance, la diversité et les potentialités des complémentarités entre l'Auvergne et le Berry. L'un de ses membres (Pierre Bonnaud) a suggéré la formation d'un anneau urbain central ayant Clermont et Bourges comme pivots, afin de donner à la France centrale la véritable métropole dont elle a besoin.
BIGAY Alexandre Erudit thiernois de la première moitié du XX° siècle. On lui doit deux recueils ethnographiques de chansons thiernoises du XIX° siècle, le second, le plus complet, intitulé Chansons thiernoises du XIX° siècle (patois local), édité dans le Bulletin de la Société des Etudes Locales et du Musée de Thiers, n° 14, 1946, 72 pages. Ce recueil contient 14 chansons, un certain nombre de fragments, quelques airs notés, une fable (reprise de Jarsaillon). Les chansons, destinées à faire rire, parfois vulgaires voire scatologiques, sont représentatives d'une société ouvrière peu instruite, où l'on travaillait beaucoup et où la littérature populaire se limitait à la fonction d'amuser au cours de banquets plantureux, souvent corporatifs, entre hommes et qui rompaient la sévérité d'une existence austère (v. Thiers).
BÏZà neirà (publiée par le Cercle Terre d'Auvergne) "Revue auvergnate bilingue", fondée en 1974, elle a accumulé (à la fin de 2001) 112 numéros et plus de 5000 pages très denses. D'une part, elle a progressivement regroupé tous les écrivains actuels de langue auvergnate (textes avec traduction) et republié avec notes et commentaires des textes plus anciens : c'est le plus grand trésor existant dans la langue régionale, regroupant des écrits d'enfants et d'auteurs chevronnés, des textes de toutes les régions dialectales auvergnates. D'autre part, les articles en français (recherche ou mise au point) traitent de toutes les matières culturelles identitaires : géohistoire, onomastique, littérature, philologie, ethnographie, folklore... Le numéro double 107 - 108 (2000) fournit les tables complètes jusqu'à sa date de parution en 82 pages qui donnent une idée de l'effort sans précédent de "défense et illustration" systématique de la langue auvergnate et du patrimoine vernaculaire régional qui a été accompli dans ses colonnes.
Dans l'imagination d'un monde citadin qui a perdu tout contact avec la campagne réelle, le bocage est l'écho domestiqué de la "Nature" (divinisée, avec N majuscule). En tant que réalité, il est accaparé soit par des spécialistes (écologistes, naturalistes, "paysagistes"), soit par des politiciens ("écolos"). Il en résulte qu'il est très mal compris dans sa dimension géohistorique. 1. Histoire du mot. D'origine normande en français (qui, selon ses lois propres, aurait bochage, cf le bouchage médiéval), issu de boscus : buisson, taillis, il s'applique en français littéraire à un paysage ouvert piqueté de boqueteaux. C'est une variante évoluée du saltus latin, en voie de nettoyage et d'humanisation, voire totalement humanisé dans les pastorales du XVI° et du XVII° siècle (L'Astrée). A l'époque contemporaine, les géographes ont largement imposé un sens précisé : paysage enclos de haies en réseau. 2. En Auvergne le bocage a été soit une formation agro - végétale étroitement circonscrite, soit (surtout) un intrus tardif (même en Bourbonnais !). Le tableau diversifié qu'il présente dans notre région aide à comprendre à la fois le passage d'un sens français à l'autre et sa chronologie, ses tenants et aboutissants agraires (socio-économiques).
3. Actuellement, la "destruction du bocage" est un cliché médiatique, peut-être valable dans une partie du Massif Armoricain et de l'Ouest du Bassin Parisien, mais très exagéré en France médiane. On note les évolutions suivantes : - Les arbres ne sont plus taillés, ils deviennent énormes et nuisent aux prés qu'ils entourent .
Génétiquement, le bocage n'est lié à aucun état agraire : il fut paysan avant d'être "aristocratique" selon le mot de Marc Bloch qui eut beaucoup trop de fortune, puis de redevenir paysan dans sa phase terminale : ceci dans le vaste croissant bocager par excellence, médioroman, des bordures du Massif Armoricain à celles du Massif Central. Dans les vallées montagnardes et sur les piémonts, il fut toujours paysan (et arboré). La Reconstruction des Campagnes lui donna son élan initial, le déclin des paysanneries son maximum d'extension (XIX° siècle et jusqu'à 1950), le renouveau agricole l'éclaircit de manière fonctionnelle, avec quelques excès locaux que l'excès médiatique systématique a largement exagérés. Enfin ne jamais confondre haie et bocage : ce sont des notions qui peuvent être liées au cours de certaines séquences et distinctes au cours d'autres.
Grand peuple celtique qui se dispersa de la Bohème à l'Italie du Nord et à la Galatie (Asie mineure). Une de ses branches s'agrégea aux Helvètes, fut recueillie par les Eduens et installée par eux sur les confins des Bituriges. Mais où exactement ? Les historiens actuels opinent pour les environs de Sancerre, mais ceux de La Guerche (vallée de l'Aubois) et le pays d'Entre-Loire-et-Allier gardent leurs partisans. Mal cernés, les Boïens sont devenus d'autant plus facilement un mythe identificateur caractéristique du Bourbonnais oriental dont une grande partie appartint à l'Arvernie. Un texte affiché dans l'église de Saint-Pierre le-Moutier leur rattache le prophète Maric qui, en 70 après J. C., suscita une révolte populaire des Gaulois de la région et marcha sur Autun. L'ethnologue Antoine Paillet rapporte que, lors de l'une de ses conférences en Bourbonnais, une auditrice se montra fort désappointée qu'il eût souligné la difficulté de les localiser : "Moi qui me croyais boïenne!". Les Boïens font donc partie de ces "mythes positifs" qui entrent dans les esprits et, s'y ancrant, deviennent plus réels que les faits réels inconnus ou refusés. Plus généralement sur les Boïens, v. Kruta V. : Les Celtes, histoire et dictionnaire, Paris, Robert Laffont 2000.
BONNET Louis ET "L'AUVERGNAT DE PARIS" Né à Aurillac dans une famille bourgeoise (père imprimeur) originaire du Sanflorain, Louis Bonnet offre un visage double :
BOUILLET Jean Baptiste Comme Gonod, Bouillet, natif de Saône-et-Loire, pourrait inspirer aux Auvergnats de souche la honte d'être souvent indifférents à leur patrimoine le plus intime, celui de la langue et de la civilisation vernaculaire, si bien qu'il faut des "survenus" (soubrevendüd) pour les mettre en valeur. Géologue qui parcourut à pied la Basse-Auvergne, il en profita pour relever des chansons, bourrées, montagnardes (Album auvergnat, Moulins, Desroziers 1853). Grand fouilleur d'archives et de bibliothèques, il fut le premier à publier toute une série de textes en langue auvergnate allant du XVII° siècle (empruntés aux manuscrits de l'abbé Tailhandier) au XIX° siècle (Ravel était son contemporain). Son Guide du voyageur à Clermont-Ferrand (Clermont, Veysset 1836) et ses Tablettes historiques de l'Auvergne (1840-1842) en contiennent, mais l'Album auvergnat (republié par Laffitte Reprints, Marseille 1978) est le plus riche, c'est un livre de chevet de l'arvernisant et un ouvrage "incontournable" de l'érudition régionale (cependant les traductions sont souvent fautives, ce qu'on ne peut guère lui reprocher vu son origine et l'état de la science de son temps sur l'auvergnat). La curiosité de Bouillet était vaste et toujours en éveil, ce qui n'alla pas sans quelques frictions avec d'autres érudits de son temps tel Tardieu, comme il est habituel lorsque les places sont chères au soleil avare d'une société intellectuelle provinciale peu nombreuse.
Exemple rarissime - et pratiquement unique à ce degré de réussite - de province féodale émergée dans l'espace périphérique de civitates gauloises et gallo-romaines anciennes : Arvernie, Bituriges / Berry , Eduens / Bourgogne. Débuts obscurs au X° siècle. Les progrès eurent deux causes fondamentales : 1. La faiblesse des féodalités militaires dans une France centrale restée contrôlée par une aristocratie romanisée peu combative où les ecclésiastiques (archevêque de Bourges, évêques de Clermont et d'Autun) tenaient débonnairement le haut du pavé. 2. La protection des Capétiens qui fit aussi de la seigneurie de Bourbon un vecteur essentiel de la francisation des hautes classes. Ce facteur prit de l'ampleur à partir de Gui de Dampierre (XIII° siècle). Grandie à l'ombre du pouvoir centralisateur capétien, la Principauté de Bourbon atteignit son maximum d'extension et de puissance à la fin du moyen âge en rattachant des provinces plus peuplées (on est à une époque où "il n'y a de richesse que d'hommes"), le Forez et surtout l'Auvergne. La crise de la monarchie française pendant la guerre de Cent Ans ne conduisit pas la Principauté de Bourbon à la même attitude anti-française que la Bourgogne, mais à une vue par certains côtés archaïque et par d'autres très moderne d'un royaume de France décentralisé, fédéral, et gouverné par un condominium de princes du sang. Mais les moyens n'étaient pas à la hauteur et la France se redressait : d'où la prétendue "trahison" (terme bien anachronique) à laquelle le Connétable de Bourbon fut acculé et la ruine rapide de la Principauté. En se fixant dans une optique étroitement centraliste française, on ne voit que des côtés médiocres et banals : agents du pouvoir central, pays pauvre livré aux aristocrates venus d'ailleurs, pays sans originalité, "français moyen". Il y a pourtant une autre lecture plus riche - et plus bénéfiquement française - de la géohistoire bourbonnaise :
La Bourgogne nous concerne principalement comme intermédiaire, fécond dans divers domaines et à plusieurs étapes de l'histoire, avec le monde centre - européen, grand moteur d'évolutions démographiques, agricoles et civilisationnelles notamment. 1. Aux époques préhistorique et protohistorique, le peuplement celtique et la civilisation agraire centre - européenne nous parvinrent à travers son territoire. 2. Le réseau de grands chemins gaulois et gallo-romains, très dense entre l'Auvergne et la Bourgogne, suggère des relations actives, malheureusement mal connues actuellement. La ruine d'Autun sous les coups de la Bagaude et des envahisseurs germaniques a été le point de départ d'une fracture qui reprenait celle entre les Arvernes et les Eduens, peuples rivaux à la fin de la Gaule indépendante. 3. Au moyen âge, la viticulture auvergnate bénéficie des progrès de la Bourgogne (cépage Pinot, si bien naturalisé en Auvergne qu'il se répandit dans tout le bassin de la Loire sous le nom d'avernat). Plus tard, venu d'Allemagne et de Franche-Comté, le culte de Saint Verny, protecteur des vignes, passa nécessairement par la Bourgogne. Mais aux XIV° et XV° siècles, il n'y eut pas en Auvergne un milieu social suffisamment riche et ouvert pour profiter du brillant monitorat culturel bourguignon ( voir : Splendeurs de la Cour de Bourgogne, coll. Bouquins, éd. Robert Laffont). 4. Plusieurs traits pré-français venus par la Bourgogne (effet Terracher) on été assimilés par la langue auvergnate au début de l'époque moderne et ont contribué à la typer (notamment oé après consonne labiale b, p, f, v, m). Cette influence suppose des rapports interrégionaux nombreux dont l'étude a été négligée jusqu'à présent et qui restent à mettre en lumière. 5. Il reste de même à évaluer la question très importante des interférences entre les milieux agraires. 6. On trouverait sans doute d'utiles sujets de réflexion dans l'étude littéraire comparée, par exemple entre Vincenot, Pourrat et Gachon, etc... 7. La question des rapports arverno - bourguignons a aussi d'autres volets : échanges humains; prospective économique car, si l'Auvergne et la Bourgogne font partie des régions défavorisées par la conjoncture actuelle favorable aux territoires périphériques, la Bourgogne est sur le chemin de l'Europe centrale, le trafic de marchandises NE - SO grandit et un examen commun des synergies possibles sur cet axe, qui pourrait être étendu à la Franche-Comté et à la Lorraine, serait peut-être une bonne voie pour trouver quelques remèdes.
80 % en valeur de la production agricole auvergnate provient de l'élevage, bovin pour l'essentiel. C'est trop dans la mesure où cela traduit un délaissement excessif des productions végétales et rend notre agriculture plus vulnérable aux crises. Mais cela situe une importance économique. Or, les bovins ont joué au cours des temps un rôle si important dans l'évolution de la civilisation régionale qu'ils méritent d'être considérés comme un patrimoine de premier plan à étudier. 1. Ils sont présents dès la préhistoire, notamment dans le courant "sauveterrien" remontant de l'Aquitaine et dans le Campignien provenant du Bassin Parisien occidental dans ce pays - charnière de contacts et de rencontres que fut toujours l'Auvergne. Par contre le courant "chasséen" des Pasteurs des Plateaux venant du Sud-Est élevait surtout du petit bétail. 2. A partir de - 1200 environ, les vagues celtiques successives arrivant d'Europe centrale développent l'élevage bovin et défrichent les hauteurs dans ce but (ils cuisinent au beurre et au saindoux, le porc étant leur autre grand élevage). La palynologie atteste clairement la substitution de la prairie à la forêt. 3. Pendant l'époque gallo-romaine et une partie du haut moyen âge, il semble passer au second plan : peu avide de laitage, cuisinant à l'huile, demanderesse de laine, cette civilisation d'origine méditerranéenne favorise l'élevage ovin. 4. Au moyen âge, une poussée vers le Sud de l'élevage bovin est enregistrée dans toute l'Europe médiane, de l'Atlantique aux Carpates. Partie de la France médiane, l'Auvergne connaît cette poussée dans le massif cantalien, le Cézalier, le Forez, le Mézenc : ce développement touche surtout les "pays hauts" (voir Montagne et pays haut), plaines et plateaux moyens laissant de moins en moins de place à l'élevage pour faire face au surpeuplement par une agriculture vivrière polyculturale à base céréalière. Cependant, les produits de l'élevage sont avec ceux de la vigne une des deux sources essentielles de rentrée d'argent dans l'économie agricole ancienne. C'est pourquoi les ecclésiastiques, fourriers du progrès économique, puis les nobles , puis certains bourgeois ruraux mettent au point le système de la "montagne d'estive" du XIII° au XVIII° siècle. Il intéresse surtout l'Aubrac, le Cantal et le Cézalier et tend à exclure des hauteurs la paysannerie. C'est un système de "grande montagne" où les troupeaux sont confiés à la garde de bergers professionnels sachant fabriquer le fromage, principal produit marchand. La règle des "foins et pailles" (on n'a pas le droit d'estiver davantage de bétail qu'on peut en nourrir l'hiver) protège cependant les estives du surpâturage et des excès spéculatifs. Dans les Dore, le Nord du Cézalier, le Forez, le Mézenc, l'estive est sous la pression des densités paysannes plus fortes des pays bas voisins. La "petite montagne" prévaut : les familles paysannes montent aux chabana (jasseries, burons) et s'occupent de leur propre troupeau. Voir à Aurillacois les conséquences culturelles du système de la montagne d'estive qui a contribué à la méridionalisation de cette contrée (même chose en Aubrac). 5. En Bourbonnais, à partir de la Reconstruction des Campagnes (XV° - XVII° siècles), l'installation du métayage, qui achève la dislocation de l'ancienne société rurale autochtone) a pour objectif principal le développement de l'élevage bovin destiné à la production de boucherie pour les marchés du Bassin Parisien. 6. Jusqu'au milieu du XIX° siècle, il n'y a pas de véritable race bovine, mais plutôt des "populations" plus ou moins cohérentes, malgré la prédominance des types centre - européens de bétail qui doivent remonter à la pénétration celtique (voir les articles de J. Blanchon dans Bïzà Neirà n° 33, 41, 42, 45, 46, années 1982, 1984, 1985). C'est alors qu'un effort de sélection orienté vers des animaux à plusieurs fins (travail, viande, lait) met en place la Ferrandaise (Basse-Auvergne), la Salers (Dore et Ouest du Cantal), l'Aubrac (Est du Cantal, Lozère), la Mézine (Est de la Haute-Loire). A partir des années 1840 - 60, la Charolaise commence sa "marche vers l'Ouest" à travers le Bourbonnais. Cette géographie reste prédominante jusqu'aux années 50 du XX° siècle. 7. La révolution agricole des "Trente Glorieuses" la bouleverse : intrusion massive de la FFPN (frisonne laitière), de la Montbéliarde (à double fin : prédominance laitière alors, aptitudes bouchères importantes) à l'Est, abandon trop rapide de la Ferrandaise, insuffisamment sélectionnée, élargissement de l'aire charolaise, recul de la Salers et de l'Aubrac dans leur berceau, quasi - disparition de la Mézine. 8. A la fin des année 80, la surproduction laitière et les quotas laitiers refoulent la FFPN, mais la course au rendement se poursuit avec la substitution de la souche Holstein à la FFPN. Les races à viande (Charolaise puis Limousine qui commence à pénétrer par l'Ouest dans les années 90) ou mixtes aptes au "croisement industriel" (Salers, Aubrac) se développent ou reprennent. Les incertitudes dues aux crises sanitaires (vache folle, fièvre aphteuse) et à la surproduction réintroduisent des troupeaux hétérogènes qui traduisent le désarroi des éleveurs. Les cautères sur une jambe de bois ("élevage bio") ne dissipent pas les inquiétudes que la lassitude de "l'Europe" à subventionner ne fait que renforcer. On a prôné la spécialisation à outrance, mis au point une riche série de techniques pour la faciliter notamment en diminuant les besoins de main d'oeuvre (pâturage rationné, stabulation libre, plein air intégral, etc...). Les exploitations (entre 2 et 10 vaches en moyenne vers 1900, élevages de plus de 100 voire de 200 bêtes en 2000) ne pourront grandir indéfiniment sans une ultra - extensification "d'occupation du paysage" qui n'aura plus rien d'agricole. Un retour vers une agriculture plus diversifiée, plus équilibrée, mieux combinée serait nécessaire pour préserver l'avenir agricole et la maîtrise des paysages en Auvergne : non par une "écologisation" régressive des techniques, mais en prenant an compte les indications de la géographie, par exemple en "finissant" en plaine limagnaise ou bourbonnaise le bétail né sur les plateaux au lieu d'expédier les veaux vers les usines d'engraissement du Bassin Parisien ou de la plaine du Po, ou encore en reprenant les cultures fourragères afin d'accomplir le cycle complet de l'élevage de boucherie sur les plateaux moyens aptes à la culture et sur les plateaux volcaniques de l'Auvergne intérieure qui sont plus favorables au champ qu'à l'herbage.
Un des "pays" les plus caractérisés de l'Auvergne. Mais sa nature réelle fait souvent l'objet de méprises qu'il faut rectifier :
En tant que pays, le Brivadois comporte une bande méridienne axiale favorisée : Limagne de Brioude, Ribeyre d'Allier, bassins de Langeac et de Paulhaguet (Chaliergue), planèze de Saint-Georges-d'Aurac. Elle est entourée par des hauteurs métamorphiques pauvres et accidentées (v. Caribassa) qui l'ont isolée et ont limité son développement agricole. Aussi le dépeuplement fut - il précoce et important, le Brivadois fut un pionnier du malthusianisme "artisanal" en Auvergne en même temps que le siège d'une forte émigration vers les coteaux et Limagnes septentrionales, Clermont surtout, etc... Quoique petite ville, Brioude a joué un rôle très actif de direction en Brivadois, tant dans les domaines administratif et économique que dans celui de la culture (v. Almanach de Brioude).
BRUN Emile [Mile Touénabrus] Le plus grand et le plus fécond des prosateurs "traditionnels" en langue auvergnate à l'époque actuelle. Né à Lantriac en 1905, mort au Puy en 2000 après une carrière qui s'acheva comme chef de division à la préfecture de la Haute-Loire. "Traditionnel" veut dire qu'il prend comme objet de ses écrits le village vellave avec sa mentalité et ses usages multi-séculaires. Son oeuvre ne comprend pas moins d'un millier de pages se répartissant ainsi :
Outre l'intérêt des sujets choisis, Emile Brun est un véritable maître de la prose par son style sobre, énergique, lapidaire et presque "romain" dans sa concision expressive, combiné à des dons peu communs d'observateur et à une bienveillance résignée, non exempte de tendresse pour les faiblesses humaines. |
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